Bien d'accord avec Alain pour dire que les "kings" de Photoshop en font des tonnes jusqu'à rendre leurs planches quasi illisibles. Juste pour en mettre plein les mirettes et montrer combien ils maîtrisent leur sujet (or, la maîtrise est dans la sobriété, enfin soit).
La réflexion couleurs directes/encrage traditionnel m'est venue en parcourant les albums de la série Bois-Maury pour en scanner les plus belles cases. J'ai été frappé par la beauté de certaines cases (suffit de voir la bannière défilante du site). Je dois avouer avoir une préférence pour les BD réalisées au trait. L'aquarelle donne vite un côté illustration, extrêmement chatoyant, qui peut vite devenir une menace pour la cohésion fond/forme. Ce qui n'empêche pas le trait classique d'offrir des planches magnifiques, il y a suffisamment d'exemples. Disons que j'aime la précision du trait. Il ne ment pas. Un grand dessinateur est d'abord un dessinateur qui possède un trait inimitable (Gir/Moebius, Boucq, Hermann, etc.). Et puis, l'aquarelle masque souvent les manquements chez certains dessinateurs. Le trait, dans son évidence, ne masque rien. Voilà pourquoi il y a moins de BD au trait aujourd'hui qu'hier. Mais bon, là, je m'éloigne du sujet.
Je voulais simplement faire l'éloge du trait, le mal-aimé, dont la force synthétique est la plus belle conquête de la BD (comme le cheval l'est pour l'homme ). De Tintin à Blueberry, de Gaston Lagaffe à Jonathan, il nous a offert ses plus grands chefs d'œuvre. Et je pense aussi qu'Hermann a connu son apogée à la fin de sa période "trait" - il est vrai qu'il se sentait bloqué dans son évolution, ce qui l'a convaincu de tenter l'aventure de la couleur directe. Maintenant qu'il maîtrise cette technique, j'aimerais beaucoup qu'il revienne au trait. Même l'espace d'un seul album. Pour voir si ce long crochet par la couleur directe a fait évoluer son encrage.
C'est vrai qu'il fut question d'un album en N/B, un peu à la manière de Mort Cinder (Breccia). Pour l'instant, c'est au placard mais les choses bougent si vite, parfois.