Je vois ce que tu veux dire. Je partage en partie ton point de vue. Cependant, ces cases sont tellement "lui", il les produit avec une telle aisance, que je demande autre chose. Ce quelque chose, pour ma part, qu'on commence à trouver à partir d'"Un Hiver de Clown" jusqu'à l'arrivée de la couleur directe. Il y a dans ces albums, avec une montée en puissance quasi jouissive, un tel équilibre entre les blancs et les noirs, dans l'architecture de chaque case, dans la maîtrise du trait, que son apogée, je la place là. Non qu'il ait décliné depuis mais il n'a plus évolué dans la verticalité - je veux dire qu'il était arrivé au sommet de son art ; depuis, il a élargi son champ d'action. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il a bifurqué vers la couleur directe : il sentait qu'il n'évoluerait plus s'il poursuivait dans la voie de l'encrage traditionnel (et cela le rendait fou). La couleur directe lui offrait la possibilité de relever d'autres défis et de trouver une motivation nouvelle.
Durant cette époque que j'appelle son apogée, il n'a pas perdu de cette expressivité dont tu te délectes tout en affinant son style, s'éloignant du maître Jijé et de Giraud. Il trouve là la quintessence du style "hermannien", entre précision et force brute - même si, je te l'accorde, l'encrage au pinceau traditionnel vaut son pesant de cacahuètes en matière d'expressivité. Mais les progrès techniques qu'il a réalisés à cette époque-là lui ont permis d'élargir ses horizons graphiques.
Enfin, comme tu dis, tout ça n'est qu'un avis. Je sais seulement qu'il s'indigne quand on lui tient ce type de discours (son apogée à l'époque de Comanche/Bernard Prince). Donc, mieux vaut le garder pour soi !