[ Fermé ] Le nouveau Bernard Prince (Page 4 de 22)

Mine de rien la réponse de Yves sur les contrats m'a fait plaisir. Quand j'étais môme et adolescent, je me suis régalé d'un certain nombre de scénarios de Greg et ça m'aurait bien embêté d'apprendre qu'il se conduisait mal avec ses dessinateurs (d'autant qu'en ce qui concerne Hermann, c'est celui (avec Franquin) sur lequel il ne tarissait pas d'éloges dans ses interviews).
Pour ce qui est du renoncement d'Hermann à son droit moral, je pense saisir son point de vue d'alors sachant que c'est lui qui avait décidé d'abandonner les séries, qu'il n'avait pas d'affection particulière pour les deux héros-titre (contrairement à certains seconds rôles) et qu'il ne devait pas avoir dans l'idée, à l'époque, de reprendre ses titres (et qu'il ne pouvait pas deviner qu'entre temps son scénariste allait mourir). Bref, le fait de s'être retiré du jeu est vraiment élégant de sa part et il serait tout à fait injuste qu'il ait à le regretter un jour. Pour ce qui est des droits sur les albums suivant, on peut comprendre aussi qu'il n'ait pas eu envie de prélever une part des bénéfices sur le travail des autres. Ceci dit l'attitude inverse n'aurait pas été immorale non plus car c'est vraiment un tandem de choc qui opérait sur ces deux séries dans les années 70. Outre le fait que pour Comanche, c'est Hermann qui est à l'origine de la scène la plus importante de la série (la mort de Dobbs), il est évident que le dessin d'Hermann a grandement motivé Greg dans ses intrigues et que le lecteur aurait eu moins froid dans "Le port des fous" et moins chaud dans "La fournaise des damnés" si ces albums avaient été dessinés par le dessinateur Lambda. Du coup une partie de ceux qui ont acheté les albums post-Hermann, l'ont fait en grande partie grâce au travail d'Hermann sur les titres précédent.
Quoi qu'il en soit c'est bien agréable de savoir que les auteurs dont on admire le talent ont aussi des qualités humaines.

Philippe Francq, pour ne pas le citer. Ça ne saute peut-être pas aux yeux mais l'influence est là.  Plus dans la gestuelle et l'utilisation de certains artifices graphiques que dans le style proprement dit. Mais c'est indéniable.

Mais dis-moi, c'est un beau hors sujet ça ou je me trompe ?!

Pour répondre à Frenchoïd, c'est vrai que que ma phrase sur Greg avait un petit côté cucul la prâline, tout le monde il est beau au chouette royaume de la bande dessinée. Je sais bien que Greg est un auteur assez controversé, sans doute pour plein de bonnes raisons et peut-être pour quelques mauvaises. C'est vrai aussi que je suis assez fasciné par son travail entre 1950 et 1980 qui me laisse souvent pantois d'admiration par la diversité des thèmes et des styles abordés avec succés (tout ce qu'il a fait après 1980 me laisse par contre de marbre). A cause de cette admiration pour son travail, j'aime donc bien lui trouver des bons côtés (alors que peut-être je l'aurais détesté si je l'avais rencontré). Pour récapituler ses casseroles, de notoriété plus ou moins publique, il semble établi qu'il était à l'époque du studio, un patron très dur et souvent maladroit avec ses collaborateurs; qu'au fil du temps il s'est mis à ressembler de plus en plus à son personnage de Talon (un des  seuls dans sa biographie qui ne m'ait jamais vraiment intéressé); que sa vanité et son besoin d'être en représentation l'ont conduit à faire quelques belles conneries (comme par exemple un édito dans "Minute" à la mort d'Hergé)... Par contre si on lit les différents témoignages contenus dans son livre d'entretiens avec Benoit Mouchard, on trouve aussi un certains nombres de témoignages (y compris celui d'Hermann) qui sans occulter ses mauvais côtés lui en trouvait aussi des bons. Seul le regrété Tibet, lui rentrait semble-t-il directement dans le chou (sans doute avec de bonnes raisons notamment la légitime-défense)... Ceci-dit, Tibet dans ses entretiens reprochait  à Greg sa vanité, s'offusquait de sa prise de partie en faveur de Dargaud lors du procès opposant l'éditeur à Uderzo... mais ne parlait pas de malhonnêteté.
  C'est surtout ça qui m'embêtait concernant toutes ces histoires de contrats et j'avais envie d'en savoir plus (alors que ça ne me regarde pas). Pour être franc, je n'aurais pas bien compris que des dessinateurs du calibre de Dany, Hermann, Vance, Paape ou Dupa, continuent des années après à "servir la soupe" dans un livre d'entretiens à un scénariste qui les aurait escroqué. Bref, la réponse d'Hermann par la voix de son fils m'a quand même rassuré.