Ce n'est un secret pour personne, Dany apprécie la vie et ses petits plaisirs. En particulier les voyages. Inutile de dire que sa productivité s'en ressent. Le projet "Transylvania" date de 1998-1999. En 2001*, nous avions fait le voyage de repérage en Roumanie, ce qui signifie que le scénario était déjà écrit dans ses grandes lignes. Je pensais que, dès notre retour, Dany allait rapidement se mettre au travail. Je me trompais. Il fut d'ailleurs le dernier des dessinateurs de la trilogie à s'y mettre, ce qui obligea Casterman, comme tu l'as écrit, à chambouler l'ordre de parution des trois albums (avec bonheur car je trouve celui-ci plus cohérent que l'ordre initialement fixé). Pendant la réalisation de l'album, Dany accumula un tel retard que j'ai dû réécrire en partie le scénario et trancher dans le vif pour réduire les 62 pages initiales à 46 (sucrer 16 pages, ça fait mal !). Ça, c'est pour l'aspect négatif des choses.
Car il y a un aspect positif. Tout d'abord, c'est grâce à lui qu'est né le projet Dracula. Après notre mariage (pas avec Dany, avec ma femme ! ), je lui avais proposé, à sa demande, un petit itinéraire "sur les traces de Dracula" en Roumanie. Sans savoir à l'époque que ça allait servir plus tard de base à un scénario. Ensuite, son premier retard m'a permis de réunir beaucoup de documentation et de développer deux autres scénarios (Vlad l'Empaleur et Bram Stoker). Enfin, notre collaboration proprement dite, hormis le stress dû au retard, s'est passé dans une ambiance extrêmement positive et constructive. J'ai donc pris un énorme plaisir à travailler avec lui et ce, malgré les contretemps parfois assez durs à avaler.
Pour conclure, je ne dirai certainement pas que ça ne s'est pas bien passé entre Dany et moi. Au contraire, il s'est passé "quelque chose." Et ça me donne envie de remettre le couvert. En prenant cette fois mes précautions quant au timing. Voilà !
*Nous avions pris le vol pour Bucarest très exactement le 12 septembre 2001. Pas besoin de vous rappeler ce qui s'était passé la veille... En zone d'embarquement, parmi les passagers, il y avait un "barbu." Tout le monde le regardait d'un œil suspicieux. Le gars était visiblement très mal à l'aise. C'était surréaliste.